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ToggleLe secteur automobile français face à la tempête
La Plateforme automobile vient de dévoiler ses principaux indicateurs concernant le mois d’avril. Lors d’une interview, son président, Luc Chatel, a exposé les défis actuels que traverse l’industrie.
Quel est l’état du secteur automobile français dans un contexte international incertain ? « Nous observons un attentisme du côté des consommateurs, et la situation du marché reste préoccupante« , a précisé Luc Chatel, le président de la PFA, qui regroupe les acteurs majeurs de la filière automobile.
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Les nouvelles données de la PFA révèlent que les immatriculations de véhicules neufs en France ont chuté de près de 6% par rapport à l’année précédente. Sur les quatre premiers mois de 2023, le marché enregistre une baisse de 7,28% sur un an.
franceinfo : Observons-nous une crise du marché automobile français ?
Luc Chatel : Effectivement, le secteur automobile fait face à une crise structurelle due à divers facteurs. D’abord, la situation économique. Acquérir un véhicule représente un engagement important. Dans un climat économique difficile, où la croissance stagne et l’épargne des ménages atteint des sommets historiques, la consommation est anormalement faible. Ainsi, il est facile pour un consommateur de retarder son projet d’achat.
Ensuite, un autre facteur réside dans la complexité des modèles disponibles sur le marché, combinée à une transition énergétique qui laisse les consommateurs perplexes. Ils se demandent notamment s’ils doivent opter directement pour un véhicule électrique, tout en s’inquiétant de l’autonomie et de l’infrastructure de recharge.
Y a-t-il également des modifications des bonus-malus à prendre en compte ?
Luc Chatel : Absolument. Le consommateur s’interroge sur l’accompagnement de son achat alors que les règles concernant les bonus-malus ont été modifiées à de nombreuses reprises en moins de cinq ans. Ainsi, des voitures qui bénéficiaient d’avantages il y a deux ans sont aujourd’hui soumises à des malus, alimentant cette incertitude.
« Les perspectives de commande sont alarmantes. À la fin du premier trimestre, nous avons enregistré une baisse de 13% des prises de commande par rapport à l’an passé. La situation risque de ne pas s’améliorer dans les mois à venir. »
Luc Chatel
Stellantis et d’autres entreprises de l’automobile semblent avoir suspendu leurs prévisions financières pour 2025 en raison d’incertitudes liées aux droits de douane américains. Ne fait-on face à un flou général dans votre secteur ?
Luc Chatel : Oui, la situation est floue. Ce que nous savons, c’est qu’il est impératif de prendre des décisions. La décarbonation doit se poursuivre, des investissements massifs sont nécessaires, et la concurrence mondiale est de plus en plus intense.
Les décisions doivent-elles venir de l’Europe ou de la France ?
Luc Chatel : Des décisions doivent être prises au niveau de l’Union européenne, qui, selon nous, a modérément abordé la question en optant d’abord pour la réglementation plutôt que pour une révision stratégique. Ce constat a été également fait par Mario Draghi, ancien commissaire européen, dans son rapport sur la compétitivité de l’économie européenne. Agir avec une véritable vision stratégique est urgent pour accompagner cette transition.
« Il ne suffit pas de déclarer qu’il n’y aura plus de véhicules thermiques en 2035 ; il faut également établir comment y parvenir. »
Luc Chatel
Comment gérer cette transition massive ? Les constructeurs, les équipementiers et les sous-traitants font tous de grands efforts, mais des résultats concrets semblent encore loin.
Est-il raisonnable d’espérer que nous serons prêts d’ici 2035 ?
Luc Chatel : En regardant les trajectoires que nous avons établies pour atteindre 100% de véhicules électriques d’ici 2035, il faudrait que cette année, la part des véhicules entièrement électriques en Europe soit de 22%. Or, elle n’est actuellement qu’à 15%. Cet écart est significatif, soulignant que le consommateur a été oublié. Au départ, l’engouement pour les véhicules électriques était fort, mais aujourd’hui, les acheteurs estiment que ces véhicules sont trop chers et s’inquiètent du manque d’infrastructures de recharge.
Dans une tribune récente publiée dans Le Figaro, vous avez évoqué que « la disparition de l’industrie automobile européenne n’est plus une hypothèse« . Quelle solution pour la sauver ?
Luc Chatel : Absolument. Prenons l’exemple de la France : nous produisions 3 millions de véhicules il y a 25 ans, et nous en sommes aujourd’hui à 1,3 million.
« Aujourd’hui, la Chine produit 20 fois plus de véhicules que la France, qui a pourtant été à l’origine de l’automobile à la fin du XIXe siècle. Lors de mon dernier passage à Shanghaï, il est évident que ce pays s’est imposé comme le premier salon mondial de l’automobile, et ce qui est frappant, c’est la rapidité d’exécution. Les Chinois avancent à une vitesse incroyable. »
Luc Chatel
La Chine est-elle désormais au cœur de l’automobile ?
Luc Chatel : En effet, cela est devenu une réalité. La Chine est le premier marché mondial avec plus de 31 millions de véhicules, représentant ainsi plus d’un tiers du marché mondial, soit deux fois et demie le marché américain et trois fois le marché européen. Non seulement elle est le premier producteur, mais elle concentre également les innovations technologiques. J’ai visité des usines de batteries où il est désormais possible de recharger une batterie offrant 400 kilomètres d’autonomie en moins de dix minutes.
Tous ces freins à l’achat liés aux véhicules électriques—tels que les préoccupations concernant la recharge—sont en passe d’être résolus. CATL, leader mondial de la production de batteries, en est un exemple significatif. De plus, les Chinois peuvent commercialiser un nouveau véhicule en moins de 18 mois, tandis que la norme pour les constructeurs européens se situe autour de deux à trois ans, même si des progrès sont en cours.
Les constructeurs et équipementiers français sont-ils affectés par les droits de douane américains ? Les impacts sont-ils mesurables ? Actuellement, il y a une surtaxe de 25%.
Luc Chatel : Les mauvais résultats de marché, tant en France qu’en Europe, s’amplifient. Le public entend constamment que les prix des véhicules vont augmenter ; ces droits de douane se traduisent inévitablement par des coûts supplémentaires pour le consommateur final. Au final, cela se traduira par des voitures plus chères, et cela nuira à la consommation. Cette incertitude est néfaste. Ainsi, les conséquences sont déjà visibles, alors que nous n’en sommes qu’aux débuts de cette guerre commerciale.
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