Impact de l’âge sur la direction d’entreprise : éclairage du Lab de Bpifrance
La question de l’influence de l’âge sur la gestion et le lancement d’une entreprise suscite de nombreux débats. Certains entrepreneurs plus âgés affirment rencontrer des obstacles plus importants à partir de 50 ans lors de la recherche de financements. Pour éclaircir ce sujet, le laboratoire d’idées de Bpifrance, la Banque publique d’investissement, a entrepris une étude approfondie.
Il est souvent dit qu’il n’y a pas d’âge pour éprouver des sentiments, mais qu’en est-il de la capacité à diriger ou à créer ? Pour comprendre ces dynamiques, le Lab de Bpifrance a sondé plus de 1300 entrepreneurs, tous à la tête d’entreprises dotées d’au moins un salarié. Les participants varient en âge : certains sont jeunes et d’autres plus âgés. Certains ont lancé ou repris leur activité après 50 ans, tandis que d’autres l’ont fait plus tôt. Le premier constat de l’étude indique que « les entrepreneurs seniors sont similaires à leurs homologues plus jeunes ». « Leurs entreprises présentent des dimensions comparables et exercent dans des secteurs identiques », ajoute l’agence. Une distinction notable apparaît toutefois : les entrepreneurs plus âgés sont moins souvent impliqués dans la reprise d’entreprises familiales. En effet, 69 % d’entre eux ont lancé leur propre entreprise.
Ambitions et prises de risques similaires
La capacité à innover ne varie pas non plus avec l’âge. À l’instar des plus jeunes, les entrepreneurs âgés investissent en moyenne 10 % de leur chiffre d’affaires dans la recherche et développement. Leurs priorités stratégiques converge vers la durabilité de l’entreprise en premier lieu, suivie de la croissance. L’étude révèle que « l’âge n’assagit pas les ambitions ni la capacité à prendre des risques », selon Le Lab de Bpifrance. « Ces caractéristiques sont intrinsèques à l’esprit entrepreneurial, indépendamment de l’âge », précise l’analyse. Un autre constat marquant est que la satisfaction des entrepreneurs seniors augmente avec l’âge : 40 % d’entre eux se disent « très satisfaits », contre moins de 30 % pour les jeunes. En outre, ces entrepreneurs rapportent une meilleure santé mentale et des nuits de sommeil de qualité supérieure par rapport à ceux dans la quarantaine.
Difficultés de financement pour les femmes entrepreneurs seniors
Bien que les entrepreneurs seniors soient dynamiques, se financent-ils facilement ? Un constat préoccupant se dégage : 64 % affirment que leur âge représente un obstacle pour obtenir un prêt bancaire, tandis que 48 % signalent des difficultés similaires pour lever des fonds. Étonnamment, les plus jeunes ressentent également ces craintes dans des proportions analogues. « Les jeunes et les seniors sont confrontés aux mêmes défis », révèle Elise Tissier, directrice du Lab de Bpifrance. L’accès au financement repose davantage sur des critères tels que la taille et l’ancienneté de l’entreprise, ainsi que sur l’expérience entrepreneuriale, plutôt que sur l’âge en soi. Toutefois, une nuance est à noter.
Au-delà de 60 ans, il devient conseillé pour les entrepreneurs seniors de réfléchir à la transmission de leur entreprise pour rassurer les potentiels financiers. En outre, les femmes entrepreneurs dans cette tranche d’âge rencontrent des obstacles plus prononcés en matière de financement. « Les perceptions biaisées, comme l’idée que l’âge avancé d’une femme renvoie à la fragilité, contrastent avec l’admiration souvent réservée aux hommes », témoigne l’une d’entre elles. Malgré ces challenges, le Lab conclut qu’il n’existe pas d’âge fixe pour entreprendre, à condition d’entretenir une passion pour l’entrepreneuriat et de ne pas craindre le risque.
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