Voir les points principaux
ToggleAudition de Nestlé Waters : tensions au sein de la commission d’enquête
La directrice générale de Nestlé Waters, Muriel Liénau, s’est présentée mercredi devant une commission d’enquête sénatoriale concernant le scandale des eaux en bouteille. Les sénateurs, visiblement mécontents, ont exprimé leurs réserves quant à la coopération de l’entreprise.
Qualificatifs virulents: « scandaleux », « méprisant », « déloyal ». Les membres de la commission ont durement critiqué l’audition de Muriel Liénau, qui s’est déroulée le 19 mars. Soumise à un interrogatoire serré, la responsable du géant agroalimentaire, entourée d’avocats de l’entreprise, s’est contentée de déclamer des éléments de langage préalablement élaborés, vantant les « qualités gustatives » de leurs produits, en évoquant leur « goût unique » et leur « caractère rafraîchissant« .
Un silence éloquent sur les fraudes: En revanche, lorsqu’il s’est agi de traiter les interrogations sur la fraude en question, Muriel Liénau a montré un bien moindre enthousiasme. Concernant l’usage de filtres prohibés installés dans les usines des Vosges (Vittel, Hépar, Contrex) et du Gard (Perrier), elle s’est limitée à déclarer que ces dispositifs étaient utilisés pour « assurer la sécurité alimentaire« , sans préciser leur origine ni les dates de leur installation.
Interrogée à plusieurs reprises sur l’identité des employés l’ayant alertée sur cette fraude, Liénau a refusé de fournir des informations, d’abord en prétextant ne pas les connaître, puis en mentionnant « plusieurs personnes« , et enfin, en se retranchant derrière l’enquête judiciaire en cours au pôle de santé publique de Paris.
Vous êtes tenue de répondre aux questions posées
Le président de la commission, Laurent Burgoa, sénateur des Républicains du Gard, a insisté : « En tant que président, je dois vous rappeler que vous êtes tenue de répondre aux questions posées. » En vertu de l’article 6 de l’ordonnance du 17 novembre 1958 sur le fonctionnement des assemblées parlementaires, le fait de refuser de répondre peut entraîner une peine de deux ans d’emprisonnement et une amende de 7 500 euros. Une procédure judiciaire en cours n’exclut pas l’obligation de témoignage, mais cela n’a pas suffi à faire changer d’avis la cheffe de Nestlé.
S’interrogeant sur la qualité des ressources en eau du groupe, tant passées que présentes, Muriel Liénau a déclaré que celles-ci « sont pures à la source« , en contradiction avec plusieurs rapports d’expertise, notamment une analyse de l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire) d’octobre 2023 révélant des contaminations microbiologiques dans les sources Nestlé. Une inspection plus récente de l’ARS Occitanie fait également état de germes fécaux, qualifiant ces contaminations de « inacceptables » pour une eau minérale naturelle.
La sénatrice Antoinette Guhl (Ecologiste-EELV), à l’origine d’une mission d’information sur cette affaire, a demandé : « L’eau que vous commercialisez aujourd’hui est-elle toujours de l’eau minérale naturelle, oui ou non ? Parce que c’est ce qui est écrit sur vos bouteilles ! » La réponse de Liénau a été peu claire : « Nous avons un arrêté temporaire d’autorisation, émis par le préfet du Gard, qui connaît tous les traitements que nous utilisons aujourd’hui.«
Une microfiltration au cœur de la controverse
Les filtres utilisés (0,2 microns) dans l’usine Perrier ne respectent pas la réglementation européenne, stipulant que l’eau minérale naturelle doit rester pure à la source et ne doit pas être soumise à un traitement de désinfection. L’ANSES avait déjà averti le gouvernement en janvier 2023 que ces microfiltres avaient un effet désinfectant, perturbant ainsi la microflore de l’eau. Ce traitement, selon un rapport de l’ARS, a été instauré pour répondre aux exigences réglementaires des produits finis.
Ce caractère désinfectant, bien qu’imparfait, avait poussé la direction générale de la santé à déclarer, en janvier 2023, qu’il était « inacceptable » que Nestlé continue d’utiliser cette microfiltration. Pourtant, Matignon a choisi de passer outre en février 2023, accordant à la société une dérogation alors même que la vulnérabilité de la ressource et des contaminations étaient avérées.
A la fin de l’audition, Alexandre Ouizille, rapporteur, a interrogé : « Avez-vous recours à ces filtres à 0,2 microns dans d’autres usines en Europe ? » Alors qu’une enquête similaire était en cours en Belgique, Muriel Liénau a esquivé la question, affirmant que « nous utilisons des niveaux de filtration validés par les autorités dans tous les pays où nous opérons.«
Je vous laisse une dernière chance !
« Choisir de ne pas répondre à la question, c’est y répondre« , a commenté le rapporteur, alors que les sénateurs persistaient en vain à obtenir des réponses nettes. Finalement, Laurent Burgoa a proposé à Liénau de transmettre par écrit le nom des personnes responsables de l’alerte concernant les filtres, assurant qu’il l’entendrait à huis clos pour préserver leur anonymat. « Je vous laisse une dernière chance !« , a-t-il ajouté. En réponse, la directrice de Nestlé a maintenu sa position en déclarant : « Je reste sur ma décision. » Le président de la commission a alors noté : « Très bien, nous tirerons donc toutes les conséquences de cela.«
C’est un moment délicat pour Nestlé, alors que la préfecture du Gard doit prochainement statuer sur la poursuite ou non de la production d’eau minérale naturelle à Vergèze (site de Perrier). Le groupe a jusqu’au 20 mars pour prouver que ses méthodes de microfiltration « n’ont pas d’effet sur le microbisme de l’eau« , autrement dit, qu’elles ne masquent pas une qualité défaillante de la ressource en eau, raison même de leur installation initiale.
Publications similaires :
- Cette lutte des petits artisans face aux géants de la boulangerie : un combat désespéré !
- Ces commerces en Ardèche rouvrent enfin après des inondations dévastatrices !
- Découvrez cette R5 Turbo 3E révolutionnaire : des moteurs dans les roues qui vont vous étonner !
- Ce boom des casiers automatiques menace-t-il vraiment ces petits commerçants ?