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ToggleDes mesures imposées à Nestlé Waters pour se conformer à la législation
D’après les informations relayées par franceinfo, les préfectures des Vosges et du Gard, où sont élaborées les marques du groupe, exigent que Nestlé Waters retire, dans un délai de deux mois, les filtres non conformes sur les sites de Vittel et de Vergèze, menaçant ainsi la production d’eau minérale naturelle.
Il aura fallu plus d’un an, depuis les premières révélations faites par la cellule d’investigation de Radio France et le journal Le Monde, pour que les autorités obligent Nestlé à se plier aux exigences légales. À la suite d’un nouvel incident de contamination dans l’usine, le préfet du Gard, Jérôme Bonet, a convoqué en fin d’après-midi les hauts responsables de Nestlé Waters. Lors de cette rencontre, il a remis à la directrice de Nestlé Waters, Muriel Liénau, une lettre de mise en demeure, lui ordonnant de retirer tous les systèmes de filtration interdits dans son usine de Vergèze, où la célèbre marque Perrier est produite.
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En effet, comme précisé par Radio France et Le Monde, Nestlé avait obtenu, début 2023, une dérogation gouvernementale pour conserver des filtres non conformes dans ses usines, malgré les avertissements de l’Agence de sécurité sanitaire et du directeur général de la santé, Jérôme Salomon.
Problèmes de contamination par bactéries et pesticides
Les autorités ne laissent plus de place à l’hésitation. Dans la même veine, un arrêté préfectoral émis le 15 avril ordonne également à Nestlé le retrait des filtres controversés dans son usine de Vittel et rejette toutes les demandes de la société concernant des systèmes de microfiltration (filtres de 0,2 micron). Cet arrêté, dont franceinfo a pris connaissance, n’a cependant pas été publié au recueil des actes administratifs, contrairement à la réglementation en vigueur. Le document précise que la multinationale devait soumettre un « plan d’action » sous quinze jours, soit d’ici le 29 avril, détaillant les « mesures prises pour se conformer à la réglementation » et la « mise en place d’une surveillance renforcée » de la qualité de l’eau.
La raison pour laquelle Nestlé a installé des dispositifs de filtration dans ses usines est la purification d’une eau fréquemment contaminée par des bactéries et des pesticides. Le préfet du Gard le confirme dans sa mise en demeure, signalant que les traitements utilisés ne sont pas conformes, car ils « modifient les caractéristiques microbiologiques de l’eau, en contradiction avec la réglementation ». Ce constat est également corroboré par la préfecture des Vosges. Les microfiltres utilisés dans les usines de Nestlé ont effectivement un effet désinfectant, ce qui est prohibé, l’eau minérale naturelle devant être « pure à la source ». Lors de son audition à la commission d’enquête du Sénat, la dirigeante de Nestlé Waters avait pourtant déclaré : « Nulle part en Europe nous n’utilisons de traitements non conformes ».
Délai de deux mois pour se conformer
Quelle est donc l’avenir de la production d’eau minérale naturelle dans les usines de Nestlé, ainsi que des bouteilles toujours disponibles sur le marché ? Un rapport récent, dont franceinfo a eu accès, révèle qu’un comité d’hydrogéologues, agréés par le ministère de la Santé, a rendu un avis sanitaire défavorable concernant la production d’eau minérale sur le site de Perrier. En conséquence, le directeur de l’Agence régionale de santé du Gard a, selon nos sources, sollicité la préfecture pour interrompre la production d’eau minérale naturelle sur le site. Le préfet ne se prononce pas sur la qualification d’eau minérale naturelle, mais indique dans un communiqué qu’une décision devrait être rendue avant le 7 août prochain, en prenant en compte l’avis du Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (CoDERST).
Concernant les Vosges et le Gard, Nestlé a un délai de deux mois pour se conformer aux décisions des préfets. Ces mesures font suite aux dernières révélations de Radio France sur des cas supplémentaires de « non-conformité » à l’usine de Vergèze, ainsi qu’à la découverte de bactéries dans des centaines de milliers de bouteilles, qui sont actuellement bloquées à l’usine, mais aussi dans les forages et sur les lignes d’embouteillage.
Aucune demande de rappel selon Nestlé
En réaction, Nestlé assure auprès de franceinfo qu’elle collabore avec la préfecture des Vosges « pour valider un dispositif alternatif permettant de garantir la sécurité sanitaire en toutes circonstances », afin d’« assurer la continuité de la production des marques d’eau minérale naturelle ». L’entreprise précise que la marque Vittel ne fait pas usage de microfiltres à 0,2 micron. Nestlé insiste aussi sur le fait que « toutes les bouteilles actuellement présentes sur le marché sont conformes aux autorisations en cours. En l’absence de risque sanitaire, aucun rappel n’a été demandé ».
Alexandre Ouizille, sénateur socialiste de l’Oise et rapporteur de la commission d’enquête sur les pratiques des industriels de l’eau en bouteille, estime, à la suite de nos révélations, que les décisions des préfets du Gard et des Vosges « confirment que des traitements interdits ont remplacé d’autres ». Il souligne « une série de dysfonctionnements graves » et considère le gouvernement comme « fautif », indiquant qu’il s’est « placé en marge de la légalité en validant des investissements [de Nestlé Waters] dans des processus désormais clairement rejetés par les préfets ». Il a précisé que les résultats de l’enquête parlementaire seraient publiés le 19 mai.
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