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ToggleSylvie Grandjean discute des droits de douane américains sur les entreprises européennes
Sylvie Grandjean, également à la tête de Redex, un groupe d’ingénierie européen solidement implanté aux États-Unis, s’est exprimée mardi dernier dans l’invité éco sur les impacts de la hausse des droits de douane annoncée par Donald Trump.
Préparation de l’Union européenne face aux nouveaux droits de douane
L’Union européenne se mobilise alors que les nouveaux droits de douane des États-Unis, qui entreront en vigueur mercredi, vont entraîner une augmentation de 20% sur l’ensemble des produits en provenance des 27 États membres. Sylvie Grandjean, qui est également vice-présidente du METI (Mouvement des entreprises de taille intermédiaire), a été la voix de l’économie sur franceinfo. La société qu’elle dirige, spécialisée dans la fabrication de machines, sera directement touchée par ces décisions, 80% de son chiffre d’affaires provenant de l’exportation.
Questions sur l’impact des droits de douane sur Redex
Franceinfo : Quel sera l’impact de ces nouveaux droits de douane sur votre société, Redex ?
Sylvie Grandjean : Nous avons déjà discuté avec notre équipe américaine avant cet entretien pour identifier les mesures à prendre. Plusieurs éléments compliquent notre situation. Actuellement, il n’existe pas de décret d’application, ce qui laisse planer une grande zone d’incertitude. Nous avons néanmoins la chance de ne pas avoir de concurrence américaine, nos rivaux étant principalement allemands, italiens ou sud-coréens, qui eux aussi seront soumis à ces nouveaux tarifs douaniers.
Il semble donc inévitable que nous devions répercuter une partie de ces coûts supplémentaires sur nos clients. Étant en B to B (business to business), notre situation est différente de celle des entreprises B to C (business to consumer), car nos clients n’ont pas de choix alternatifs.
Un savoir-faire européen en machines de précision
Redex fourni des équipements pour SpaceX
L’Europe, et plus particulièrement la France, se distingue par le maintien d’un savoir-faire précieux dans le secteur des biens d’équipement, une expertise qui s’est en grande partie perdue aux États-Unis.
« Les États-Unis se concentrent sur la haute technologie et les services, mais ont perdu beaucoup de leurs compétences dans la fabrication d’équipements classiques. Nous, en Europe, conservons ce savoir-faire. »
Sylvie Grandjean, vice-présidente du METI et directrice de Redex
Pour illustrer ce point, il est intéressant de rappeler qu’en Italie, un fabricant d’équipements d’aluminium est le seul capable de produire certains composants essentiels utilisés par Tesla.
Éléments de réponse sur l’augmentation des prix
Envisagez-vous de majorer vos tarifs de 20% ?
Nous ne prévoyons pas une augmentation directe de 20%, car nous ne souhaitons pas nuire à nos clients. Cependant, il est inévitable que nous devions absorber une partie de ces coûts supplémentaires et ajuster une partie de nos prix de vente. Nous sommes en train de l’évaluer.
Exploration de nouveaux marchés
Redex envisage-t-elle d’autres marchés en conséquence ?
Depuis notre création, notre objectif est de nous développer à l’international. Environ 20% de notre activité provient des États-Unis, du Canada et du Mexique, et nous avons également une présence en Asie à hauteur de 20%, le reste étant généré en Europe (60%). Nous sommes confiants dans notre capacité à être résilients et réactifs face aux opportunités de nouveaux marchés, si nécessité il y a.
Prédictions de chiffre d’affaires et contextes récents
En ce qui concerne la prévision de votre chiffre d’affaires aux États-Unis ?
Le 5 avril, date de l’annonce des nouveaux droits de douane, nous avons reçu un appel d’un client américain, une filiale d’une société italienne implantée aux États-Unis, qui nous a passé une commande de 5 millions de dollars. Nous nous trouvons dans un contexte où tout est instable, avec une réévaluation totale des chaînes d’approvisionnement. Cela offre des possibilités de réinvestissement dans des usines.
Réactions aux appels au patriotisme économique
Les propos d’Emmanuel Macron, évoquant le patriotisme économique, vous ont-ils touchés ?
Je ne me suis pas particulièrement sentie visée par ces commentaires. Les entreprises ne ressentent pas un pressentiment de blâme. Le patriotisme doit venir des consommateurs ; ce sont eux qui doivent décider entre acheter des marques nationales ou des importations.
« Il est illogique de demander aux chefs d’entreprise de ne pas investir. Notre mission est de chercher des marchés. Donc, nous poursuivrons inévitablement nos investissements, que ce soit aux États-Unis ou en Chine. »
Sylvie Grandjean, vice-présidente du METI et directrice de Redex
Notre présence sur le marché est dictée par la demande, et continuer à investir à l’étranger est également une manière d’assurer notre pérennité en France.
Réflexion sur la stratégie de l’Union européenne
Comment voyez-vous la réaction de l’Union européenne face aux droits de douane américains ?
S’engager dans une guerre commerciale ne semble pas être une voie bénéfique pour quiconque. Plutôt que de chercher à répondre par des augmentations de droits de douane, il serait plus judicieux de se concentrer sur des actions ciblées qui renforcent notre compétitivité. L’Europe doit restaurer ses fondamentaux et limiter les charges pesant sur les entreprises. Par ailleurs, simplifier les réglementations, comme l’initiative détail sur la publication d’informations de durabilité, est également une voie d’amélioration importante.
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