Yasmine Motarjemi dénonce les pratiques de Nestlé

Yasmine Motarjemi, ex-directrice mondiale de la sécurité alimentaire chez Nestlé, a régulièrement alerté sur des problèmes de santé publique au sein de cette entreprise avant de subir du harcèlement et de être licenciée en 2010. En 2023, elle a été reconnue dans ses droits à l’issue d’un procès contre le géant de l’agroalimentaire, présent dans 190 pays à travers 2 000 marques.

« Tout ce qui se passe dans cette entreprise, la direction de Nestlé le sait et l’autorise », a affirmé Yasmine Motarjemi sur France Inter le 27 mars, lors de la sortie de son livre Ce que l’empire Nestlé vous cache, publié aux Éditions Robert Laffont.

Appel à la responsabilité hiérarchique

Le dernier fameux scandale concernant Nestlé concerne des eaux minérales traitées illégalement, mis en lumière par la Cellule investigation de Radio France. Dans ce contexte, Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée, doit être entendu par le sénat en lien avec cette affaire. Yasmine Motarjemi insiste sur le fait qu’il est nécessaire d’examiner les décisions des dirigeants de Nestlé en Suisse : « Lorsqu’il y a des crises ou de tels problèmes, la direction de Nestlé est au courant et donne son approbation. J’aimerais qu’on interroge Monsieur Paul Bulcke [directeur général] et Monsieur Ulf Mark Schneider [ancien directeur général], car ce sont eux qui ont permis ces pratiques ».

Au cours de son parcours, elle a mis en lumière plusieurs scandales, tels que ceux des biscuits pour bébés susceptibles de provoquer des étouffements, ainsi que des incidents entourant le lait infantile en Europe et en Asie, sans oublier les pâtes à cookies aux États-Unis. Pendant son procès, elle a également découvert que les responsables perdaient une part de leur bonus à chaque fois qu’il y avait un rappel de produit.

Une succession de controverses

Depuis son départ, plusieurs autres scandales ont éclaté, notamment celui des pizzas Buitoni, contaminées par des bactéries E.coli, qui seraient à l’origine du décès de deux enfants en France. « Aucune leçon n’a été tirée et les personnes concernées n’ont pas été punies », déplore Yasmine Motarjemi. Elle souligne à nouveau que des incidents d’étouffements chez des bébés continuent de se produire de manière répétée.

Face à cette situation, la lanceuse d’alerte appelle à une plus grande responsabilité et un changement radical des pratiques au sein de Nestlé.