La révolution de la voile dans le transport maritime
Chaque mois, de nouvelles initiatives françaises émergent pour promouvoir le transport maritime à la voile, visant à réduire l’usage des énergies fossiles. Cependant, des doutes persistent au sein de l’industrie. 🌊
Depuis une décennie, Nils Joyeux est à la pointe de l’innovation en matière de transport maritime à la voile. Il a observé l’arrivée et le départ de diverses tendances et « solutions miracles ». L’hydrogène destiné à décarboniser les porte-conteneurs, la recherche de carburants synthétiques pour une flotte plus écologique, ou même le développement de batteries géantes pour des navires entièrement électriques, sont autant de projets qu’il juge prometteurs mais qui restent à confirmer. « Nous en sommes encore loin« , conclut le cofondateur des entreprises bretonnes Zephyr & Borée et Windcoop.
Le secteur maritime, qui contribue à hauteur de 3 % des émissions globales de CO2, se retrouve à l’ordre du jour lors de la Conférence des Nations unies sur l’océan, se tenant à Nice du 9 au 13 juin. « Avec le temps, il devient évident que l’énergie éolienne pourrait apporter une solution efficace », soutient Nils Joyeux, soulignant l’importance d’exploiter cette ressource renouvelable, gratuite et accessible.
En France, avec un héritage maritime riche, des « néo-armateurs » voient le jour, de Dunkerque à Bayonne, soutenus par une passion pour la voile et un engagement écologique. Malgré leur statut d’outsiders face à des géants comme CMA-CGM et Maersk, ces pionniers ne manquent pas de faire entendre leur voix.
Le transport maritime : un défi colossal
Avec 90 % des échanges commerciaux à travers le monde s’effectuant par voie maritime, les données parlent d’elles-mêmes. Plus de 56 000 grands navires marchands, selon l’ONU, fonctionnent majoritairement avec des combustibles fossiles, tandis qu’une soixantaine seulement utilise des « systèmes de propulsion à voile ». Ces innovations se traduisent par l’utilisation de voiles, d’ailes installées sur les navires ou de kites, ces grands cerfs-volants, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Lise Detrimont, déléguée générale de Wind Ship, affirme que ces technologies permettent de diminuer de « 5 à 20 % » la consommation de carburant.
Au cours des cinq dernières années, une dizaine de voiliers cargo français a transporté divers produits, du vin au chocolat, à travers l’Atlantique. Chaque semaine, de nouvelles initiatives voient le jour, que ce soit par TOWT (Le Havre), Grain de Sail (Morlaix), Neoline (Nantes) ou Windcoop (Lorient).
« C’est une période enthousiasmante car, avec nos premiers navires opérationnels, nous allons pouvoir enregistrer leurs performances », déclare Jean Zanuttini de Neoline. L’objectif ? Prouver que le transport par voiles est à la fois écologique et économiquement viable, tout en respectant les délais de livraison, malgré les défis climatiques.
Guillaume Le Grand, dirigeant de TOWT, souligne que le vent devient plus prévisible, ce qui permet de mieux naviguer en évitant tempêtes et zones sans vent. « Notre routage fiable change la donne« , affirme-t-il, revendiquant une place dans le secteur maritime traditionnel.
Un savoir-faire français ancré dans l’histoire maritime
Le transport maritime, souvent associé à de grands navires, semble étrangement éloigné de l’univers de la voile. Néanmoins, « la France a un savoir-faire unique, ancré dans sa tradition de construction navale et de compétition », juge Lise Detrimont. Depuis 2011, un soutien public en recherche et développement favorise l’émergence de ces nouveaux navires. Philippe Cauneau, ingénieur à l’Ademe, constate des passerelles entre les mondes de la compétition et de la marine marchande.
« Bien que les exigences diffèrent, les acteurs de ces deux sphères s’inspirent des techniques de course pour le transport de marchandises. »
Philippe Cauneau, spécialiste transports à l’Ademeà franceinfo
« Un bureau d’études français a conçu la voile du Canopée, utilisé pour transporter des composants de la fusée Ariane 6 vers la Guyane », souligne Lise Detrimont. Les collaborations entre divers acteurs de l’industrie navale témoignent de la dynamique autour de la propulsion à voile en France.
Récemment, une formation de cinq jours pour marins a été initiée, répondant à la demande croissante pour des navigants spécialisés dans ce mode de transport. François Lambert, directeur de l’École nationale supérieure maritime, indique que les formations intégreront prochainement un volet sur la navigation à voile.
Un défi à relever pour la nouvelle génération de navires
Nils Joyeux, lui-même ancien officier de marine, reconnait l’expertise qui se développe en France, mais met en garde : « Il est impératif de ne pas perdre cette avance« . Alors que plusieurs projets prennent forme, la filière lutte pour se faire une place sur le marché traditionnel, souvent dominé par des navires de taille géante.
« Pour que la voile soit un acteur clé, elle doit échapper à la logique de niche »
Nils Joyeux, cofondateur de Zéphyr & Borée et Windcoopà franceinfo
Dans un monde où « la concentration des investissements est primordiale », il devient compliqué de rivaliser avec de grands bateaux capables de transporter des milliers de conteneurs. Le Neoliner Origin, navire à voile français, mesure 136 mètres de long et pourra bientôt transporter jusqu’à 265 conteneurs. Ces ambitions transcendent les dimensions modestes comparées à des constructions exclusivement motorisées, cherche à indiquer Jean Zanuttini.
Un avenir à construire pour le transport à la voile
En mars 2024, un pacte pour le secteur de la voile maritima entre professionnels et autorités doit marquer le soutien de l’État à ce secteur pour sa montée en puissance, considéré comme une référence pour décarboner le transport maritime. Pourtant, Guillaume Le Grand s’inquiète de l’absence d’action concrète depuis, notamment avec la suppression d’exonérations fiscales dans le budget 2025.
Actuellement, avec déjà deux voiliers-cargos naviguant et six autres en construction, la volonté de « faire valoir leurs atouts » est palpable, en mettant en avant leur souplesse d’exploitation. Guillaume Le Grand rappelle que les navires à voile peuvent répondre plus rapidement aux changements des routes maritimes, renforçant leur compétitivité.
La filière vélique doit se préparer à un avenir où les réglementations mondiales, européennes et françaises pourront contraindre de plus en plus l’utilisation des fossiles. « Seules des mesures solides sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre garantiront la pérennité de notre secteur« , conclut-il.
Depuis le XIXe siècle, la température de la Terre a augmenté de 1,1 °C, un changement attribuable aux activités humaines. Ce phénomène, qui menace nos sociétés et la biodiversité, nécessite des solutions telles que les énergies renouvelables. Découvrez plus sur la crise climatique et les moyens d’agir. 💚
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