Les grandes enseignes de bricolage face à une année difficile

Le secteur du bricolage se trouve dans une situation délicate. Pour la deuxième fois consécutive, les résultats financiers des grandes marques, telles que Leroy Merlin, Castorama, Brico Dépôt, Bricomarché et Mr. Bricolage, peinent à atteindre des niveaux satisfaisants. Selon une analyse du cabinet NielsenIQ, le marché français a connu un recul de **6%** en 2024, ce qui se traduit par une diminution moyenne de cette même valeur dans le chiffre d’affaires. Les consommateurs, affectés par des changements économiques, affichent des priorités et des budgets différents, réduisant ainsi leurs dépenses dans ce secteur.

Retours d’expérience des clients dans les magasins

Dans un magasin de bricolage à Cormeilles-en-Parisis, dans le Val-d’Oise, Philippe et Jeanne parcourent les allées, captivés par l’exposition de matériaux de bricolage et de mobilier pour salles de bain. Jeanne n’hésite pas à partager son enthousiasme : « C’est comme être en enfance devant un magasin de jouets. » Toutefois, les prix exorbitants les freinent : « Auparavant, refaire une pièce était accessible, mais aujourd’hui, cela devient compliqué. » Finalement, ils quittent le magasin avec quelques articles : un abattant de toilette, des interrupteurs et des prises électriques.

« Il y a tellement de belles choses qui se font maintenant, c’est vrai qu’on rêve un peu mais vu les prix, ça s’arrête là. »

Jeanne, cliente

Fouad, de son côté, n’a rien acheté. Passionné par le bricolage, il a remarqué que les coûts avaient explosé : « Une planche de bois, par exemple, a presque doublé de prix. Je n’achète maintenant que quand c’est indispensable. » Ses projets d’aménagement de cuisine ou d’aménagement d’une terrasse sont donc mis en attente.

Murielle, quant à elle, passe devant le magasin sans s’y arrêter. Ce n’est même pas à cause des prix. « J’ai réalisé beaucoup de travaux durant la crise du Covid et pendant les confinements, donc je n’ai pas de projets immédiats. »

La crise du logement impacte les dépenses en bricolage

Bien qu’elle prévoit de déménager prochainement, Murielle a conscience qu’elle devra débourser pour des matériaux comme du bois, du carrelage ou de la peinture, mais ce processus semble compliqué : « Nous souhaitons quitter la région parisienne où les prix sont élevés. Actuellement, le marché commence à se stabiliser. » Elle envisage donc de retourner vers les enseignes de bricolage lorsque de nouveaux travaux seront nécessaires.

La crise du logement est l’un des éléments expliquant cette baisse générale du marché du bricolage en 2024. D’après Guillaume Mulleret, consultant chez Nielsen IQ, « c’est un aspect crucial, car une grande part des dépenses de déménagement est liée à ces enseignes. » Un autre facteur est le comportement des consommateurs : leur prudence les pousse à épargner davantage, conditionnant ainsi les chiffres des géants du secteur.

Guillaume Mulleret souligne : « Tous les acteurs du marché ont affiché des résultats négatifs cette année. C’est inédite, car d’habitude, certaines marques sortent du lot en période de crise. » Cela indique clairement un affaiblissement de la demande qui devrait perdurer dans les mois à venir.