Après une période tumultueuse pour certaines filières, particulièrement l’élevage, le secteur de l’agriculture biologique commence à voir une lueur d’espoir. L’enseigne Biocoop, qui reste un acteur majeur dans le domaine, prévoit une augmentation de son chiffre d’affaires pour 2025, après avoir subi une baisse de ses ventes due à la crise inflationniste.
La filière bio, touchée par une dégringolade des ventes durant la période de forte inflation, commence à se redresser, notamment grâce à une meilleure performance des boutiques spécialisées. Biocoop, en tant que leader sur le marché français, bénéficie de cette reprise.
Les dirigeants de Biocoop affichent une satisfaction évidente, avec un chiffre d’affaires estimé à environ 1,7 milliard d’euros en 2024, représentant une hausse de 8,5 % par rapport à l’année précédente. Pour l’année 2025, les experts anticipent une croissance supplémentaire de 2 à 3 %. Malgré un certain nombre de fermetures de magasins – une quarantaine en 2023 en pleine crise – la tendance s’inverse avec l’ouverture de dix nouveaux établissements l’an passé.
Les clients semblent renouer avec les produits bio, bien que cela ne soit pas le cas dans tous les points de vente. Pendant la période de flambée des prix, de nombreux supermarchés ont fait le choix de réduire la taille de leurs rayons bio, parfois de 25 %. Pour le moment, les grandes surfaces n’ont pas modifié leur stratégie, ce qui suscite des frustrations auprès de certains consommateurs. “Dans les supermarchés, il est évident que les rayons sont moins fournis,” se désole Catherine. “C’est dommage, car cela incite les clients à moins acheter ces produits bio. »
Le prix demeure un obstacle
Face à cette situation, les clients, désireux d’acheter des produits bio, se tournent vers des magasins spécialisés. De nouveaux consommateurs s’inscrivent pour des cartes de fidélité, mais le coût reste un obstacle aux achats. En réponse à cela, Biocoop a annoncé une réduction de 7 % sur environ 400 de ses produits bio dès avril, incluant des articles comme du jus de pomme et du riz en vrac, ainsi que de la lessive. Cette initiative vise à rassurer les clients, qui ont encore en mémoire une inflation de 20 % sur les denrées alimentaires.
Parallèlement, le secteur bio dans son ensemble est encore en phase de rétablissement. Les difficultés persistent pour les quelque 3 000 fermes biologiques qui approvisionnent la coopérative. Pour soutenir ces agriculteurs éprouvés, Biocoop a choisi d’investir trois millions d’euros en 2024, avec un montant identique prévu pour cette année.
Cet effort vise à soutenir des exploitations qui demeurent vulnérables. “Lorsque le marché rencontre des problèmes, tout d’abord, ce sont les magasins qui doivent faire face à la crise, mais certains agriculteurs subissent également de lourdes pertes de revenus,” explique Henri Godron, président de Biocoop. “Bien que la situation s’améliore, certaines filières, notamment l’élevage, continuent de rencontrer des difficultés, en raison d’une baisse de la consommation de viande. Il y a encore des producteurs qui font face à des challenges.”
Pour l’année 2023, il est estimé que 5 % des exploitations en France ont décidé d’abandonner l’agriculture bio pour revenir à des pratiques conventionnelles.
